Dans le contexte de la mondialisation, nous missionnaires sommes confrontés à certains défis comme le stress et l’épuisement professionnel à cause des activités et des émotions fortes qui nous submergent. Ainsi, forger une résilience pour faire face à ces défis s’avère une nécessité et même une urgence. La résilience doit prendre en compte toute les dimensions de la personne : rationnelle, physique, spirituelle, émotionnelle, relationnelle.
Il est nécessaire, selon le Père James[1], que les missionnaires soient particulièrement résilients afin qu’ils ne soient pas brisés par leurs propres expériences douloureuses, mais qu’ils soient suffisamment sains pour soutenir les gens, sans pour autant être submergés. En effet, en plus de leur soutien, les missionnaires résilients croissent, s’épanouissent et prospèrent malgré l’événement traumatisant. Ils deviennent des missionnaires plus sages, plus saints et plus féconds.
L’expérience de la formation permanente de l’ICOF m’a fait découvrir la résilience et d’en faire aussi une expérience concrète. En effet, la résilience est la capacité de rebondir, de s’épanouir après avoir traversé des difficultés traumatisantes qui auraient pu briser une personne. Les événements qui peuvent potentiellement briser un missionnaire aujourd’hui sur mon terrain de mission au Mali sont nombreux : les enlèvements, les attaques djihadistes, les conflits intercommunautaires, les maladies dont la COVID-19, le poids des activités pastorales dû au petit nombre des prêtres dans mon diocèse (Ségou)…
J’ai redécouvert que le corps est tendu lorsque nous avons des émotions fortes en temps de problème. Dans ce cas, il y a lieu de procéder à la libération naturelle du corps de ces tensions à travers des exercices physiques adaptés. De fait, les exercices physiques libèrent non seulement la tension du corps, mais ils aident également à sécréter de la sérotonine, une substance chimique dans le cerveau qui donne du bien-être. Il convient de faire au moins 30 minutes d’exercices quatre fois par semaine.
J’ai aussi compris l’importance de l’accompagnement en matière de résilience. Oui, il est très utile d’avoir quelqu’un, un accompagnateur, avec qui on peut parler de ses sentiments, de son expérience, de son comportement, etc. L’accompagnement spirituel, les conseils et la psychothérapie sont les moyens les mieux adaptés pour se faire mieux écouter et accompagner dans le processus de renforcement de la résilience.
Au niveau spirituel et de la foi chrétienne, l’attitude de recueillement, de focalisation sur Dieu, sur sa parole, sa création, peut apporter le calme et la paix dans le cadre d’une prière, d’une méditation. Jésus ne nous appelle-t-il pas, nous qui sommes accablés, stressés, traumatisés, etc. à venir à lui afin de retrouver le repos ? (Cf. Mt 11,28-30). Ainsi, les sacrements et les sacramentaux célébrés avec foi sont sources de guérison et de résilience. Le sacrement de la confession est particulièrement pour moi source de paix et de nouvel élan dans ma mission. La résilience peut être aussi le fruit du sens que l’on donne à sa vie, et aux évènements. Or, le sens le plus grand de la vie se trouve en Dieu et dans son Royaume. Selon Saint Ignace, le sens de la vie de tout homme, c’est d’être créé pour louer, respecter et servir Dieu. Parmi les ressources dont nous disposons, il y a également la Vierge Marie, notre mère qui intercède pour nous, même dans les cas impossibles.
En somme, j’ai compris la nécessité pour moi et pour tout missionnaire d’être résilient non seulement pour nous-mêmes, mais aussi pour ceux qui bénéficient de notre apostolat. Pour ce faire, nous devons prendre soin de nos pensées, de nos sentiments, de notre corps, de notre esprit, de notre vie spirituelle et relationnelle. Soyons des missionnaires saints, épanouis et féconds par la résilience.
Abbé Cyprien DIARRA
Prêtre du diocèse de Ségou (Mali).
[1] Cf. James Kulwa Shimbala sma, « Résilience », Mission en temps de crise (Bulletin N° 153), Société des Missions Africaines, Rome 2021.